Treblinka de J-F Steiner (lu le 21/09/15)

Pages : 510
Paru en : 1968
Édition : LE LIVRE DE POCHE
Genre : témoignage, histoire vraie, seconde guerre mondiale

Comment des millions de Juifs se sont-ils laissé tuer durant la guerre ? Pourquoi ne se sont-ils pas révoltés, défendus ou enfuis ?

Steiner essaye de répondre à ces questions, en se basant sur différents témoignages et faits historiques, il explique le conditionnement mis en place par les allemands pour que le peuple Juif se rende sans heurt, presque naturellement vers la mort.

Gênants, haïs, reclus, régulièrement frappés et humiliés, la plupart s’est fait à l’idée qu’ils finiront par mourir et au fil du temps et des maltraitances, ils n’ont plus peur de mourir, peut-être même est-ce ce que Dieu a voulu pour eux …

Face aux stratégies allemandes, vicieuses, insidieuses, discrètes, ils ne peuvent réagir en masse car ils ne savent pas exactement ce qui les attend, car chacun craint pour sa vie et celle de ses proches, car chacun est isolé, tout mouvement résistant est impossible ou rapidement étouffé dans l’œuf par l’envahisseur : « Brisés moralement par la mise en condition qu’ils avaient subie dans les ghettos, ils étaient prêts à tout pour vivre » (p.92)

Alors que les allemands réfléchissent à des techniques de tuerie en masse, et après divers tests, tentatives et déportations, ils créent en 1942 le camp de Treblinka. Situé en Pologne, desservi par une ligne ferroviaire et dissimulé derrière de grands sapins, Treblinka représente le coin idéal pour y tuer en masse et la liquidation du ghetto de Varsovie sera l’occasion d’inaugurer ce nouveau camp de la mort.

De nombreux aménagements, organisations permettront aux SS de tuer « à la chaîne » sans provoquer de panique, grâce à des techniques  de manipulation longuement réfléchies.

L’auteur suivra plusieurs personnages, la plupart n’y survivra pas mais certains tenteront des évasions et même une révolte. La priorité de détenus est à présent d’en faire survivre un maximum pour qu’ils puissent témoigner de l’horreur qu’ils ont traversée. Pour ce faire, ils fomentent un plan digne d’un commandant de guerre et grâce à leur solidarité, ils envisagent même une révolte armée suivie d’une évasion en masse avant la destruction imminente du camp et de leurs témoins gênants.

Immergés dans l’horreur, entourés de mort, de violence, épuisés à la tâche, sous nourris, les Juifs de Treblinka tissent malgré tout des liens avec certains SS et se surprennent à éprouver de la nostalgie en imaginant la fin de Treblinka, en plein syndrome de Stockholm.

Au total, sur un an d’existence du camp, ce sont plus de 700 000 Juifs qui y périrent.

Treblinkaest l’Histoire à ne pas répéter ni oublier. C’est une lutte pour la survie, c’est un parcours du combattant quotidien, impitoyable, où les corps sont malmenés, les âmes torturées par ce qu’elles traversent et voient mais ce sont aussi des espoirs, des rires, des histoires d’amour et de revanche.